L’émergence d’internet a beaucoup fait évoluer notre société mais a également apporté son lot de désarrois. Parmi eux, le cyberharcèlement. Peut-être l’avez-vous déjà vécu ou même fait vivre, mais dans tous les cas, vous en avez sûrement déjà entendu parler.
De quoi s’agit-t-il ?
La Commission Nationale de l’Informatique et des Libertés (CNIL), de manière très pédagogique, définit le cyberharcèlement comme le « fait de recevoir des messages répétés dont le contenu est teinté de menaces, d’insultes ou de chantage. Les auteurs de ces messages peuvent aussi demander de l’argent pour arrêter, exiger une rencontre ou demander des informations privées ».
Vous l’avez compris, il s’agit donc d’être victime d’un ou plusieurs actes intentionnels à caractère agressif ou humiliant, de manière répétée, à l’aide des outils de communication électronique (sms, réseaux sociaux, messageries instantanées, forums, etc.).
Ces insultes, menaces ou encore humiliations ont lieu la plupart du temps par l’envoi répété de messages, mais il s’agit bien souvent aussi de publications de photographies ou de vidéos dégradantes ou encore de photomontages.
Depuis quand existe-t-il ?
Le cyberharcèlement est apparu avec l’émergence d’internet et n’a fait que se multiplier depuis. A l’origine, le cyberharcèlement n’était pas comme une infraction en tant que telle. Il ne bénéficiait pas d’un régime spécifique, mais pouvait tout de même être réprimé par analogie au harcèlement. Le délit spécifique a été créé par la loi du 4 août 2014 et sa répression a été renforcée par la loi du 3 août 2018 consacrée à la lutte contre les violences sexuelles et sexistes.
Aujourd’hui, le délit de cyberharcèlement est inscrit à l’article 222-33-2-2 4° du code pénal.
Quelles sont les conséquences sur la victime ?
Que l’auteur de l’infraction se manifeste de manière anonyme ou sous sa vraie identité, dans tous les cas le mal est fait. Mais ce qui est sans doute le plus terrifiant est que dans la majorité des cas, le troll n’est pas un inconnu mais un proche ou du moins une connaissance de la victime.
Cela créé ainsi une véritable atteinte grave et réelle à la tranquillité de la victime et peut avoir des conséquences dramatiques. Chacun réagit différemment face à ce genre de situations. Néanmoins, les blessures psychologiques, la honte et la culpabilité, l’envie de se suicider ou l’acte de suicide en lui-même sont les réactions les plus fréquentes.
Quelles sont les sanctions pénales envisagées pour son auteur ?
Suivant leur âge, les auteurs de cyberharcèlement ne sont pas logés à la même enseigne. Ainsi, un troll majeur pourra se voir condamner à une peine maximale de 2 ans d’emprisonnement et 30 000 € d’amende (aggravée à 3 ans d’emprisonnement et 45 000 € d’amende si la victime est mineure). En revanche, un troll mineur ne sera passible que d’une peine maximale s’élevant à 7 500 € d’amende et d’1 an d’emprisonnement (ou de 18 mois si la victime est aussi mineure).
(NB : Pour le terme « mineur », il faudrait encore faire des distinctions selon les catégories d’âges.)
Où en sommes-nous aujourd’hui ?
A l’ère où nous sommes tous connectés sur divers réseaux sociaux, inutile de préciser que le cyberharcèlement a de beaux jours devant lui.
Nous avons tous entendu parler d’affaires phares en la matière, telles que la ligue du LOL en 2019. D’ailleurs, rien que depuis le début de l’année 2020, de nombreux cas de cyberharcèlement ont été médiatisés. Certains plus que d’autres, certes, mais vous en reconnaitrez sûrement quelques-uns parmi les suivants :
- L’affaire Mila : jeune fille de 16 ans qui après avoir critiqué l’Islam sur Instagram est la cible d’insultes et de menaces de mort.
- L’affaire Benjamin Griveaux : personnalité politique qui a dû revenir sur sa candidature à la mairie de Paris suite à du revenge-porn.
- L’affaire (un peu moins médiatisée) Caroline Garcia : insultée et menacée de mort après avoir perdu un match de tennis.
Avant, le cyberharcèlement pouvait être considéré comme un tabou et les victimes en avaient honte. Dorénavant, de la prévention est effectuée auprès des jeunes surtout par de la sensibilisation ou encore des conférences. (Il y a même une série qui tend à prévenir ses téléspectateurs sur le sujet : 13 Reasons Why).
Il y a aussi les réseaux sociaux qui ont compris l’enjeu du cyberharcèlement et tentent d’agir contre en permettant aux utilisateurs de signaler ou de demander le retrait de contenus injurieux ou inappropriés, par exemple.
En conclusion, il est vrai que notre liberté d’expression, notamment sur les réseaux sociaux, est un droit fondamental qui nous est propre, cependant il faut vivre dans le respect de chacun. Pour vous le rappeler à chaque fois que vous êtes connectés (et pour tous vos actes d’ailleurs), n’oubliez pas cette maxime : « ne fais pas aux autres ce que tu n’aimerais pas que l’on te fasse ! ».
Publié le 11 juillet 2020 par Amandine Leleu
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Source
Article 222-33-2-2 du code pénal
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